Un matin au Taj (novembre 2017)
Le Taj Mahal est un voyage à lui seul. Même après 150 photos comparées sur google ou dans les guides de voyage posés sur les petits comptoirs des réceptions des hôtels. Même après les selfies qui atterrissent sur le fil Instagram, un coup de face, un coup le visage légèrement incliné sur le côté - pose “j’me kiffe mais j’le dis avec tendresse” -, un coup à deux, claquant un bisou, ou collant un câlin, en groupe, sans guide, avec guide “et le drapeau bordel, qui a foutu le drapeau devant l’objectif”, avec perche à selfie, pour plus de recul, ou quand le groupe est trop grand. Même après les 2h de queue pour y accéder, après une fouille digne d’un palais présidentiel ou d’une agence de renseignement “why do you bring this pen with you?”. Même après tout ça… On oublie instantanément tout ça lorsqu’à la sortie du porche d’accès on tombe nez à nez avec ce monstre majestueux, qui semble finir sa nuit et se dévoile tout doucement au milieu de la brume beige-rose qui l’enveloppe. La magie de la lumière de ces matins indiens. La magie d’une construction tout en marbre blanc qui ressemble à un mirage. La magie des bruits qui s’estompent, même ceux des groupes et leurs perches à selfie, soudainement happés par la beauté pure, presque irréelle, qui se dresse devant eux. Le temps s’arrête et le mausolée haut perché toise ses visiteurs du matin qu’il a réduit au silence. On ne parle pas dans la maison des morts !